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les troupeaux. Comme on voit, ce tribut ne pèse réellement que sur les pauvres ; les riches peuvent posséder un très- grand nombre de bestiaux, sans être obligés de donner jamais plus de deux moutons en redevance.

Outre ces tributs réguliers, il en est d'autres que les princes ont coutume de prélever sur leurs esclaves, dans certaines circonstances extraordinaires : par exemple, pour des noces, des enterrements, et des voyages lointains. Dans ces occasions, chaque décurie ou réunion de dix tentes, est obligée de fournir un cheval et un chameau. Tout Mongol qui possède trois vaches doit donner un seau de lait ; s'il en possède cinq, un pot de koumis ou vin de lait fermenté. Le possesseur d'un troupeau de cent moutons, fournit un tapis de feutre ou une couverture de ïourte ; celui qui nourrit au moins trois chameaux, doit fournir un paquet de longues cordes pour attacher les bagages. Du reste, dans un pays où tout est soumis à l'arbitraire du chef, ces règles, comme on peut bien penser, ne sont jamais strictement observées : quelquefois les sujets en sont dispensés, et quelquefois aussi on exige d'eux bien au-delà de ce que la loi leur demande.

Le vol et le meurtre sont très-sévèrement punis chez les Mongols ; mais les individus lésés, ou leurs parents, sont obligés de poursuivre eux-mêmes le coupable devant la justice. L'attentat le plus grand demeure impuni, si personne ne se porte comme accusateur. Dans les idées des peuples à moitié civilisés, celui qui porte atteinte à la fortune ou à la vie d'un homme, est censé avoir commis seulement une offense privée, dont la réparation doit être poursuivie, non par la société, mais par la personne lésée ou par