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bien que les Tartares, les appellent Hoeï-Hoeï, nom par lequel on désigne les Musulmans qui habitent dans l'intérieur de l'empire chinois. Ce que nous disons des Khachghar, peut aussi s'appliquer aux peuples qui sont au sud des montagnes célestes, en chinois : Tien-Chan, et en mongol : Bokte oola (Montagnes saintes)

Dans ces derniers temps, le gouvernement chinois a eu à soutenir une terrible guerre contre le Khachghar. Les détails que nous allons donner, nous les tenons de la bouche de plusieurs Mandarins militaires qui ont été de cette fameuse et lointaine expédition.

La cour de Péking tenait dans le Khachghar deux grands Mandarins, avec le titre de délégués extraordinaires (Kin-tchaï) ; ils étaient chargés de surveiller les frontières, et d'avoir l'œil ouvert sur les mouvements des peuples voisins. Ces officiers chinois, loin de toute surveillance, exerçaient leur pouvoir avec une tyrannie si affreuse et si révoltante, qu'ils finirent par pousser à bout la patience des peuples du Khachghar. Ils se levèrent en masse, et massacrèrent tous les Chinois qui habitaient leur pays. La nouvelle parvint à Péking. L'Empereur, qui n'était pas instruit de la conduite révoltante de ses envoyés, leva promptement des troupes, et les fit marcher contre les Musulmans. La guerre fut longue et sanglante. Le gouvernement chinois dut, à plusieurs reprises, envoyer des renforts. Les Hoeï-Hoeï avaient à leur tête un brave nommé Tchankoeul. Sa taille, nous a-t-on dit, était prodigieuse, et il n'avait pour toute arme qu'une énorme massue. Il défit souvent l'armée chinoise, et causa la ruine de plusieurs grands Mandarins militaires. Enfin l'Empereur envoya le fameux