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s'avança vers la partie occidentale de l'Asie, et alla s'établir dans les steppes qui sont entre le Don et le Volga. Les princes Torgots reconnurent la domination des empereurs moscovites, et se déclarèrent leurs vassaux. Cependant ces hordes vagabondes et passionnées à l'excès pour l'indépendance de leur vie nomade, ne purent s'accommoder longtemps des nouveaux maîtres qu'elles s'étaient choisis. Bientôt elles prirent en aversion les lois et les institutions régulières, qui commençaient à s'établir dans l'empire russe. En 1770, la tribu des Torgots opéra de nouveau une migration générale. Guidée par son chef, Oboucha, elle disparut subitement, dépassa les frontières russes, et s'arrêta sur les bords de la rivière d'Ili. Cette fuite avait été concertée avec le gouvernement de Péking. L'empereur de Chine, qui avait été prévenu de l'époque de son départ, la prit sous sa protection, et lui assigna des cantonnements sur les bords de la rivière d'Ili.

La principauté d'Ili est actuellement comme le Botany-Bay de la Chine. C'est là que sont déportés les criminels chinois, condamnés à l'exil par les lois de l'Empire. Avant d'arriver dans ces lointains pays, ils sont obligés de traverser des déserts affreux, et de franchir les monts Moussour (glaciers). Ces montagnes gigantesques sont uniquement formées de glaçons entassés les uns sur les autres, de manière que les voyageurs ne peuvent avancer qu'à la condition de tailler des escaliers au milieu de ces glaces éternelles. De l'autre côté des monts Moussour, le pays est, dit-on, magnifique, le climat assez tempéré, et la terre propre à toute espèce de culture. Les exilés y ont transporté un grand nombre de productions de la Chine ; mais