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géographiques si notables, qui! ce qu'en ont dit les voyageurs et les écrivains d'autrefois, ne saurait plus lui convenir.

Pendant longtemps les géographes ont divisé la Tartarie en trois grandes parties : 1° la Tartarie russe, s'étendant de l'est à l'ouest depuis la mer de Kamtchatka jusqu'à la mer Noire, et du nord au sud depuis les pays habités par les peuplades Tongouses et Samoièdes jusqu'aux lacs Baikal et Aral. 2° La Tartarie chinoise, bornée à l'est par la mer du Japon, au midi par la grande muraille de la Chine, à l'ouest par le Gobi ou grand désert sablonneux, et au nord par le lac Baikal. 3° Enfin la Tartarie indépendante, s'étendant jusqu'à la mer Caspienne, et englobant dans ses limites tout le Thibet. Une division semblable est tout-à-fait chimérique, et ne peut reposer sur aucun fondement. Tous ces vastes pays, à la vérité, ont fait partie autrefois des grands empires de Tchinggiskhan et de Timour ; les hordes tartares s'en faisaient à volonté des campements, pendant leurs courses guerrières et vagabondes Mais aujourd'hui tout cela a changé ; et pour se former une idée exacte de la Tartarie moderne, il est nécessaire de modifier beaucoup les notions qui nous ont été transmises par les auteurs du moyen âge, et qui, faute de nouveaux et meilleurs renseignements, ont été adoptés paf tous les géographes jusqu'à Malte-Brun inclusivement.

Pour bien fixer ses idées sur la Tartarie, nous pensons que la règle la plus claire, la plus certaine, et par conséquent la plus raisonnable, est d'adopter les opinions des Tartares eux-mêmes et des Chinois, bien plus compétents en cette matière que les Européens, qui, n'ayant aucune relation avec cette partie de l'Asie, sont obligés de s'abandonner à