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partant pour la Perse, avait dans son armée un corps d'artilleurs chinois. D'un autre côté, l'édition princeps des livres classiques, gravée en planches de bois, est de l'an 932. L'établissement du papier-monnaie et des comptoirs pour le change, eut lieu chez les Jou-Tchen l'an 1154 ; l'usage de la monnaie de papier fut adopté par les Mongols établis à la Chine ; elle a été connue des Persans sous le nom même que les Chinois lui donnent, et Josaphat Barbaro apprit en 1450 d'un Tartare intelligent, qu'il rencontra à Asof et qui avait été en ambassade à la Chine, que cette sorte de monnaie y était imprimée chaque année con nuova stampa ; et l'expression est assez remarquable pour l'époque où Barbaro fit cette observation. Enfin les cartes à jouer, dont tant de savants ne se seraient pas occupés de rechercher l'origine, si elle ne marquait l'une des premières applications de l'art de graver en bois, furent imaginées à la Chine l'an 1120.

» Il y a d'ailleurs, dans les commencements de chacune de ces inventions, des traits particuliers qui semblent propres à en faire découvrir l'origine. Je ne parlerai point de la boussole, dont Hager me paraît avoir soutenu victorieusement l'antiquité à la Chine, mais qui a dû passer en Europe par l'effet des croisades, antérieurement à l'irruption des Mongols, comme le prouvent le fameux passage de Jacques de Vitry et quelques autres. Mais les plus anciennes cartes à jouer, celles du jeu de tarots, ont une analogie marquée par leur forme, les dessins qu'elles offrent, leur grandeur, leur nombre, avec les cartes dont se servent les Chinois. Les canons furent les premières