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route ? — Oui, partout, lui répondîmes-nous, même dans ta famille. — Comment? est-ce que mon pays serait aussi écrit là-dessus ?... Et en disant ces mots il se courba avec vivacité sur la carte, de manière à la couvrir tout entière de sa large figure. — Range-toi, qu'on te montre ton pays ... tiens, vois-tu ce petit espace à côté de cette ligne verte ? C'est le pays des Dchîahours ; c'est ce que les Chinois nomment les Trois-Vallons (San-Tchouen) ; ton village doit être ici ; noits passerons tout au plus à deux journées de ta maison. — Est-il possible ? reprit-il, en se frappant le front, nous passerons à deux journées de ma maison, dites-vous ? Comment ? pas plus loin que deux journées ? Dans ce cas-la, quand nous serons tout près, je demanderai à mes Pères spirituels la permission d'aller revoir mon pays. — Quelle affaire peux-tu avoir encore dans les Trois-Vallons ? — J'irai voir ce qui s'y passe ... Voila dix-huit ans que j'en suis parti ; j'irai voir si ma vieille mère y est encore ; si elle n'est pas morte, je la ferai entrer dans la sainte Eglise. Pour mes deux frères, je n'en réponds pas : qui peut savoir s'ils auront assez de bons sens pour ne plus croire aux transmigrations de Bouddha ?... Ah! Voilà qui est bien, ajouta-t-il, après une courte pause ; je vais faire encore un peu de thé, et tout en buvant nous parlerons tout doucement de cela.

Samdadchiemba n'y était plus ; ses pensées s'étaient toutes envolées au pays natal. Nous dûmes le rappeler à la réalité de sa position. —Samdadchiemba, pas besoin de faire du thé ; maintenant, au lieu de causer, il faut plier la tente, charger les chameaux et nous mettre promptement en route. Vois, le soleil est déjà assez haut ; si nous ne