Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 1.djvu/376

Cette page n’a pas encore été corrigée

annuellement à Péking ? — Nous autres, nous sommes pour faire cortége à notre roi ; les rois seuls ont le bonheur de se prosterner en présence du vieux Bouddha (l'Empereur). Il entra ensuite dans de longs détails sur la cérémonie du premier de l'an, et sur les relations de l'empereur chinois avec les rois tributaires.

Les souverains étrangers placés sous l'influence dominatrice de l'empire chinois, se rendent à Péking, d'abord pour faire acte d'obéissance et de soumission ; et en second lieu, pour payer certaines redevances à l'Empereur, dont ils se regardent comme les vassaux. Ces redevances, qui sont décorées du beau nom d'offrandes, sont, au fond, de véritables impôts, qu'aucun roi tartare n'oserait se dispenser de payer. Ces redevances consistent en chameaux, en chevaux remarquables par leur beauté, et que l'Empereur envoie grossir ses immenses troupeaux du Tchakar. Chaque prince tartare est, en outre, obligé d'apporter quelque chose des rares produits de son pays : de la viande de cerf, d'ours et de chevreuil, des plantes aromatiques, des faisans, des champignons, des poissons, etc. Comme on se rend à Péking au temps des grands froids, tous ces comestibles sont gelés ; ils peuvent ainsi subir, sans danger, les épreuves d'un long voyage, et se conserver longtemps encore après être arrivés à leur destination.

Une des bannières du Tchakar est spécialement chargée d'envoyer tous les ans à Péking une immense provision d'œufs de faisans. Nous demandâmes au ministre du roi des Alechan si ces œufs de faisan avaient un goût spécial, pour qu'ils fussent si fort estimés à la cour. — Ils ne sont pas destinés à être mangés, nous répondit-il ; le vieux