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ils nous avertirent que nous ne trouverions de l'eau qu'à l'endroit des Cent-Puits ; dont nous étions éloignés de cent cinquante lis (quinze lieues).

L'aube n'avait pas encore paru lorsque nous nous mîmes en route ; le pays fut toujours, comme à l'ordinaire, sablonneux, stérile et triste à voir. Vers midi nous nous arrêtâmes pour prendre un peu de nourriture, et faire du thé avec l'eau que nous portions sur un de nos chameaux. La nuit commençait à se faire, et nous n'étions pas encore arrivés aux Cent-Puits ; nos pauvres animaux n'en pouvaient plus de soif et de fatigue : cependant il fallait, coûte que coûte, arriver au campement ; rester en arrière eût été la source de grandes misères. Enfin nous rencontrâmes nos puits ; et sans nous inquiéter s'il y en avait cent, comme semblait l'annoncer le nom tartare de cet endroit, nous nous hâtâmes de dresser la tente ; heureusement le puits n'était pas profond comme celui que nous avions vu la veille. Notre premier soin fut de puiser de l'eau pour abreuver le cheval et le mulet ; mais quand nous allâmes pour les conduire à l'abreuvoir, nous ne les trouvâmes plus auprès de la tente, où ils attendaient ordinairement qu'on vînt les desseller. Cet accident nous causa une grande peine, qui nous fit subitement oublier toutes les fatigues de la journée. Nous n'avions, il est vrai, aucune peur des voleurs, car, sous ce rapport, il n'est peut-être pas de pays plus sûr que celui des Ortous ; mais nous pensions que nos animaux, altérés comme ils l'étaient, s'étaient enfuis pour chercher de l'eau quelque part. Ils marcheront, disions- nous, jusqu'à ce qu'ils aient rencontré de quoi se désaltérer : ils iront probablement, sans s'arrêter, jusqu'aux fronItères des