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une grande partie de la journée à nous raconter des anecdotes, plus ou moins piquantes et curieuses, au sujet de la science vétérinaire dans laquelle il paraissait assez habile. Il nous donna aussi, sur le chemin que nous avions à suivre, les renseignements les plus importants ; il nous fixa les étapes que nous devions faire, les lieux où nous devions nous arrêter pour ne pas mourir de soif. Nous avions encore à faire dans le pays des Ortous une quinzaine de jours de marche ; pendant ce temps nous ne devions plus rencontrer ni ruisseau, ni fontaine, ni citerne ; mais seulement de loin en loin des puits d'une profondeur extraordinaire, quelquefois distants les uns des autres de deux journées de chemin ; nous devions donc être dans la nécessité de transporter en route notre provision d'eau.

Le lendemain, après avoir fait nos adieux à cette famille tartare qui nous avait témoigné tant d'empressement, nous nous mîmes en route. Sur le soir, vers l'heure de dresser la tente, nous aperçûmes dans le lointain un grand rassemblement de troupeaux de toute espèce. Pensant que le puits qu'on nous avait annoncé se trouvait de ce côté-là, nous y dirigeâmes notre marche. Bientôt nous reconnûmes en effet que nous étions arrivés à l'eau ; déjà les bestiaux s'étaient rendus de toute part, et attendaient qu'on vint les abreuver. Nous nous arrêtâmes donc, et nous organisâmes notre campement. En voyant ces troupeaux réunis, et ce puits dont l'ouverture était recouverte par une large pierre, nous nous rappelâmes avec plaisir le passage de la Genèse qui raconte le voyage de Jacob en Mésopotamie vers Laban, fils de Bathuel le Syrien : « Jacob étant parti, vint à la terre d'orient.