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abandonna enfin sa victime, et revint tranquillement vers nous, qui étions tout ébahis de cette nouvelle méthode de procéder à la guérison des vaches. Il nous annonça qu'il n'y avait plus aucun danger pour la bête ; il avait connu, disait-il, à la raideur de la queue, le bon effet de la médecine ferrugineuse qu'il venait de lui administrer.

Les vétérinaires tartares font quelquefois leurs opérations au ventre, comme on vient de le voir ; mais le plus souvent, c'est à la tête, aux oreilles, aux tempes, à la lèvre supérieure et autour des yeux. Cette dernière opération a lieu principalement dans la maladie que les Tartares nomment fiente de poule, et à laquelle les mulets sont très-sujets. Quand le mal se déclare, ces animaux cessent de manger, deviennent d'une faiblesse extrême, et peuvent à peine se soutenir ; il leur vient aux coins des yeux des excroissances charnues, assez semblables à de la fiente de poule, et cachées par les paupières. Si on a soin d'arracher à temps ces excroissances, les mulets sont sauvés, et reprennent peu à peu leur première vigueur ; sinon, ils languissent encore quelques jours et périssent infailliblement.

Quoique la ponction et la saignée soient pour beaucoup dans l'art vétérinaire des Tartares, il ne faudrait pas croire qu'ils ont entre leurs mains de belles et riches collections d'instruments, comme celles qui sont à la disposition des opérateurs européens : le plus souvent, ils n'ont que leur couteau ordinaire, ou une petite alêne en fer, toujours suspendue à leur ceinture, et dont ils se servent journellement pour désobstruer leurs pipes, raccommoder leurs selles et leurs bottes de cuir.

Le jeune Lama qui nous avait vendu le mouton, passa