Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 1.djvu/355

Cette page n’a pas encore été corrigée

Je comprends ce que vous voulez dire ; ni vous ni moi ne devons procurer la transmigration de cet être vivant. Il faut trouver un homme noir, qui sache tuer les moutons, n'est-ce pas que c'est cela ?... Et, sans attendre notre réponse, il ajouta promptement : Il y a encore autre chose ; à vous voir, il est facile de conjecturer que vous êtes peu habiles à dépecer les moutons, et à préparer les entrailles. — Tu as parfaitement deviné, lui répondîmes-nous en souriant. — Tenez le mouton bien attaché à côté de votre tente ; pour tout le reste, reposez-vous sur moi, je vais revenir à l'instant. Il monta sur son cheval, le mit au grand galop, et disparut dans un enfoncement de la vallée.

Comme il l'avait annoncé, le Lama ne tarda pas longtemps à reparaître. Il courut droit à sa tente, attacha le cheval à un poteau, le dessella, lui ôta la bride et le licou, et lui donna un rude coup de fouet pour le renvoyer au pâturage. Il entra un instant chez lui, et en ressortit bientôt après avec tous les membres de sa famille, c'est-à-dire sa vieille mère et deux jeunes frères. Ils se dirigèrent à pas lents vers notre demeure, dans un équipement vraiment risible. On eût dit qu'ils opéraient un déménagement de tous leurs meubles. Le Lama portait sur sa tête une marmite, dont il était coiffé comme d'un énorme chapeau. Sa mère avait le dos chargé d'une grande hotte remplie d'argols. Les deux jeunes Mongols suivaient, avec un trépied, une cuillère en fer, et quelques autres petits instruments de cuisine. A ce spectacle, Samdadchiemba trépignait de joie, car il voyait s'ouvrir devant lui toute une journée de poésie.

Aussitôt qu'on eut dressé, en plein air, toute la batterie