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ut que ces deux animaux étaient un peu blessés sur le dos. — Frères, nous dit-il, voilà une mauvaise chose ; vous faites un long voyage, il faut promptement remédier à cela ; vous ne pourriez autrement terminer votre route. — En disant ces mots, il saisit promptement le couteau qui pendait à sa ceinture, et l'aiguisa avec rapidité sur le retroussis de ses bottes de cuir, il démonta ensuite nos selles, examina les aspérités du bois, et se mit à rogner de côté et d'autre, jusqu'à ce qu'il eût fait disparaître les moindres inégalités. Après cela, il rajusta avec une merveilleuse adresse toutes les pièces des selles, et nous les rendit en disant : Maintenant c'est bien ; vous pourrez voyager en paix ... Cette opération se fit rapidement, et de la meilleure façon du monde. Le Lama voulait aller aussitôt chercher le mouton ; mais, comme il était déjà tard, nous l'arrêtâmes en lui disant que nous camperions pendant une journée dans sa vallée.

Le lendemain, nous n'étions pas encore levés, que le Lama entr'ouvrant la porte de notre tente, se mit à rire avec tant de bruit, qu'il nous éveilla. — Ah ! dit-il, on voit bien que vous ne voulez pas vous mettre en route aujourd'hui. Le soleil est déjà monté bien haut, et vous dormez encore. — Nous nous levâmes promptement, et aussitôt que nous fûmes habillés, le Lama nous parla du mouton. Venez au troupeau, nous dit-il, vous choisirez à votre fantaisie. — Non, vas-y seul, et amène le mouton que tu voudras ; actuellement nous avons une occupation. Nous autres Lamas du ciel d'occident, nous avons pour règle de vaquer à la prière aussitôt après être levés — O la belle chose ! s'écria le Lama. O les saintes règles de l'occident ! Mais