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voulions camper dans un endroit qui ne fût pas tout-à-fait stérile, et où nos animaux eussent un peu de pâturage à brouter.

Deux jours après avoir traversé le Dabsoun-Noor, nous entrâmes dans une longue vallée très-resserrée, où stationnaient quelques familles mongoles. La terre était recouverte d'un épais gramen, qui, par sa forme et sa nature aromatique, avait beaucoup de ressemblance avec le thym. Nos animaux, tout en cheminant, en arrachaient furtivement, à droite et à gauche, quelques bouchées, et nous paraissaient très-friands de ce nouveau pâturage. Nous eûmes donc la pensée de nous arrêter là. Non loin d'une tente était un Lama assis sur un tertre, et occupé à faire des cordes avec des poils de chameau. — Frère, lui dîmes-nous, en passant à côté de lui, ce troupeau qui est sur cette colline, est sans doute le tien... Veux-tu nous vendre un mouton ? — Volontiers, nous répondit-il, je vous donnerai un excellent mouton ; quant au prix nous serons toujours d'accord... Nous autres, hommes de prières, nous ne sommes pas comme des marchands. — Il nous assigna un emplacement peu éloigné de sa tente, et nous fîmes accroupir nos animaux. Bientôt tous les gens de la famille du Lama entendant les gémissements des chameaux, coururent en toute hâte vers nous, pour nous aider à camper. Il ne nous fut pas permis de mettre la main à l'œuvre ; car chacun se faisait une fête de se rendre utile, de desseller les animaux, de dresser la tente, et de mettre en ordre dans l'intérieur tout notre petit bagage.

Le jeune Lama qui nous accueillait avec tant d'empressement, après avoir dessellé le cheval et le mulet, s'aperç