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Le chamelon est longtemps à croître. Il ne peut guère servir, pour porter même un simple cavalier, qu'à sa troisième année. Sa grande vigueur ne lui vient qu'à l'âge de huit ans. Alors, on commence à lui imposer des fardeaux de plus en plus pesants. S'il peut se relever avec sa charge, c'est une preuve qu'il aura la force de la porter pendant la route. Quand les courses doivent être de peu de durée, il arrive quelquefois qu'on le charge outre mesure. On l'aide ensuite à se relever, au moyen de barres et de leviers, et on le voit se mettre en route avec un fardeau bien au-dessus de ses forces. La vigueur du chameau dure très-longtemps. Pourvu qu'à certaines époques de l'année, on lui laisse le loisir de paître, il peut être de bon service pendant au moins cinquante ans.

La nature n'a donné aucune défense au chameau contre les autres animaux, si ce n'est son cri perçant et prolongé, et la masse informe et effrayante de son corps, qui ressemble, dans le lointain, à un monceau de ruines. Il rue rarement ; et quand il s'avise, par extraordinaire, de lancer des coups de pied, c'est presque toujours sans grave inconvénient. La constitution molle et charnue de son pied ne peut ni faire de blessure, ni même occasionner une grande douleur. Il ne peut pas, non plus, mordre son ennemi. Son unique moyen de défense contre les animaux et contre les hommes est une espèce d'éternuement, au moyen duquel il lâche, par le nez et par la bouche, un tas d'ordures contre celui qu'il veut épouvanter.

Cependant, les chameaux entiers (1)[1] sont terribles pendant

  1. (l) Les Tartares donnent le nom de bors au chameau entier. Temen est le nom générique du chameau.