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difices, entourés d'une multitude infinie de blanches maisonnettes. C'était la lamaserie de Rache-Tchurin. Elle nous parut belle et bien tenue. Les trois temples bouddhiques, qui s'élèvent au centre de l'établissement, Sont d'une construction élégante et majestueuse. Sur l'avenue du temple principal, on remarque une tour carrée, de proportions colossales. Aux quatre angles sont quatre dragons monstrueux sculptés en granit. Nous traversâmes la lamaserie d'un bout à l'autre, en suivant les rues principales. Il y régnait partout un silence religieux et solennel. On voyait seulement passer, de temps en temps, des Lamas enveloppés de leur grande écharpe rouge, et qui, après nous avoir souhaité bon voyage à voix basse, continuaient gravement leur marche.

Vers l'extrémité Occidentale de la lamaserie ; le petit mulet que montait Samdadchiemba se cabra tout à coup, et prit ensuite le galop, en traînant après lui, dans sa fuite désordonnée, les deux chameaux qui portaient les bagages ; Les animaux que nous montions furent également effarouchés. Tout ce désordre était occasionné par la présence d'un jeune lama, étendu tout de son long au milieu de la route. Il observait une pratique très-usitée dans la religion bouddhique, et qui consiste à faire le tour de la lamaserie en se prosternant à chaque pas. Quelquefois le nombre des dévots qui font ce pénible pèlerinage est vraiment prodigieux ; ils suivent tous, à la file les uns des autres, un sentier qui englobe dans son enceinte les habitations et les édifices qui appartiennent à la lamaserie. Il n'est pas permis de s'écarter le moins du monde de la ligne prescrite, sous peine de nullité ; et de perdre tous les