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Est-ce que j'aurais rêvé que j'allais boire du thé ? — Je ne sais si tu as fait un rêve semblable ; mais si tu es désireux de boire du thé, il y a une citerne d'eau douce là-bas dans cette vallée. C'est là que j'ai retrouvé tout à l'heure le cheval et le mulet. Cours vite puiser de l'eau, pendant que j'allumerai le feu. Samdadchiemba adopta spontanément la proposition. Il chargea sur ses épaules les deux seaux de bois, et se rendit en diligence vers l'eau qu'on lui avait indiquée.

Quand le thé eut bouilli, Samdadchiemba fut tout-à-fait à son aise ; il ne pensait plus qu'à son thé, et semblait avoir oublié entièrement que la caravane était désorganisée. 11 fallut le lui rappeler, et l'envoyer à la recherche du chameau qui s'était échappé.

La moitié de la journée s'était presque écoulée, sans que personne de la caravane eût encore paru. On voyait seulement passer de temps en temps des cavaliers tartares ou des pèlerins, qui revenaient de la fête de Rache-Tchurin, M. Huc leur demandait s'ils n'auraient pas remarqué en route, aux environs de la lamaserie, un Lama revêtu d'une robe jaune et d'un gilet rouge, monté sur une chamelle rousse. Ce Lama, ajoutait-il, est d'une taille très-élevée ; il a une grande barbe grise, le nez long et pointu, et la figure rouge. A ce signalement, tous faisaient une réponse négative. Si nous avions rencontré un personnage de cette façon, disaient-ils, noos l'aurions certainement remarqué.

M. Gabet apparut enfin sur le penchant d'une colline. Ayant aperçu notre tente bleue dressée dans la gorge, il y courut de toute la vitesse de sa chamelle. Après un instant de conversation vive, animée, et où chacun parlait sans