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le vieux Père spirituel. — Samdadchiemba, ton avis est une bulle d'eau ; il faut que la tente et les bagages restent ici. Il est impossible de partir ; comment se mettre en route sans animaux ? — Oh ! oh ! fit le Dchiahour : où est donc le chameau que j'avais attaché à ce pieu ? — Il a rompu son licou et s'est sauvé ; le cheval et le mulet se sont sauvés aussi ; tout a été je ne sais où. — Dans ce cas-là, ce n'est pas une petite affaire. Quand le jour viendra on verra comment les choses s'arrangeront ;... en attendant faisons tout doucement un peu de thé. — Oui, fais du thé... Notre puits est complètement sec, il n'y a pas une goutte d'eau. — Ces paroles brisèrent le peu de force qui restait encore à Samdadchiemba ; il se laissa tomber sur les bagages, et s'endormit bientôt profondément.

Aussitôt que les premières lueurs du jour commencèrent à paraître, M. Huc gravit la colline voisine, dans l'espoir de découvrir quelque chose. Il aperçut au loin, dans une petite vallée, deux animaux qui paraissaient l'un blanc et l'autre noir ; il y courut, et reconnut bientôt le cheval et le mulet, qui broûtaient quelques herbes maigres et poudreuses, à côté d'une citerne d'eau douce ; il les ramena à la tente. Le soleil était sur le point de se lever, et Samdadchiemba dormait encore d'un sommeil profond, toujours dans la même posture qu'il avait prise en se couchant. — Samdadchiemba, lui cria M. Hue, est-ce que tu ne bois pas du thé ce matin ? — A ce mot de thé, notre chamelier se leva promptement, comme s'il eût été poussé par un violent ressort ; il promenait autour de lui des yeux hagards, et encore appesantis par le sommeil. — Est-ce que le Père spirituel n'a pas parlé de thé ? Où est donc ce thé ?