Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 1.djvu/327

Cette page n’a pas encore été corrigée

ne puis continuer de suivre votre ombre. — Trouverait-on à acheter des farines au campement chinois  ? — Petit millet, farine d'avoine et de froment, viande de bœuf et de mouton, thé en briques, on y trouve tout ce qu'on peut désirer ... N'ayant pu faire des vivres depuis notre départ de Tchagan-Kouren, nous jugeâmes cette occasion favorable pour augmenter un peu nos provisions. Cependant, pour ne pas fatiguer nos bêtes de charge par de longs circuits à travers des collines pierreuses, M. Gabet prit les sacs de farine sur la chamelle qu'il montait, se détacha de la caravane, et se dirigea au galop vers le poste chinois, d'après les indications du vieux Lama. Nous devions nous réunir dans une vallée à peu de distance de la lamaserie.

Après avoir voyagé pendant près d'une heure, à travers un chemin pénible, incessamment coupé de fondrières et de ravins, le Missionnaire pourvoyeur arriva dans une petite plaine semée d'épaisses bruyères. C'était là que les commerçants chinois avaient dressé leurs nombreuses tentes, dont les unes servaient de demeures et les autres de boutiques. Ce campement présentait l'aspect d'une petite ville pleine d'activité et de commerce, où se rendaient avec empressement les Lamas de Rache-Tchurin et les pèlerins Mongols. M. Gabet se hâta de faire ses provisions, après avoir rempli ses sacs de farine, et attaché à une bosse de la chamelle deux magnifiques foies de mouton, il repartit promptement pour le rendez-vous où devait l'attendre la caravane. Il ne fut pas longtemps à y arriver. Mais il n'y trouva personne, et aucune trace d'un passage récent n'était imprimée sur le sable. S'imaginant que peut-être quelque dérangement dans les charges des chameaux avait