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Quoiqu'il fût encore de bonne heure, nous ne songeâmes pas à continuer notre route. Le poste était trop beau pour passer outre ; d'ailleurs le vent du nord s'était levé, et l'air devenait d'une froidure intolérable. Nous allâmes donc dresser notre tente dans un enfoncement abrité par les collines voisines. De l'intérieur de la tente, notre vue se prolongeait, sans obstacle, dans le vallon, et nous pouvions ainsi, sans sortir de chez nous, surveiller nos animaux.

Quand le soleil fut couché, la violence du vent venant à augmenter, le froid se fit sentir avec plus de rigueur. Nous jugeâmes à propos de prendre quelques mesures de sûreté. Pendant que Samdadchiemba charriait de grosses pierres pour consolider les rebords de la tente, nous parcourûmes les collines d'alentour, et nous fîmes, à coups de hache, une abondante provision de bois de chauffage. Aussitôt que nous eûmes pris le thé, et avalé notre brouet quotidien, nous nous endormîmes. Mais le sommeil ne fut pas long ; le froid devint tellement rigoureux, qu'il nous réveilla bientôt. — « Il n'y a pas moyen de rester comme cela, dit le Dchiabour ; si nous ne voulons pas mourir de froid sur nos peaux de bouc, levons-nous, et faisons un grand feu. ... Samdadchiemba parlait sensément. Chercher à s'endormir avec un temps pareil n'était pas chose prudente. Nous nous levâmes donc promptement, et nous ajoutâmes à nos habits ordinaires les grandes robes de peaux de mouton, dont nous avions fait emplète à la Ville- Bleue.

Notre feu de racines et de branches vertes fut à peine allumé, que nous sentîmes nos yeux comme calcinés par