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quelquefois du nouveau profit qu'ils vont faire. Ils pourront en effet vendre deux fois la même marchandise.

En Tartarie, les femmes mènent une vie assez indépendante. Il s'en faut bien qu'elles soient opprimées et tenues en servitude, comme chez les autres peuples asiatiques. Elles peuvent aller et venir selon leur bon plaisir, faire des courses à cheval, et se visiter de tente en tente. Au lieu de cette physionomie molle et languissante qu'on remarque chez les Chinoises, la femme tartare au contraire a, dans son port et dans ses manières, quelque chose de fort et de vigoureux, bien en harmonie avec sa vie pleine d'activité et ses habitudes nomades. Son costume vient encore relever cet air mâle et fier qui apparaît dans toute sa personne. De grandes bottes en cuir, et une longue robe de couleur verte ou violette, serrée aux reins par une ceinture noire ou bleue, composent toute sa toilette. Quelquefois, par-dessus la grande-robe. elle porte un petit habit assez semblable par sa forme à nos gilets, avec la différence qu'il est très-large et descend à peu près jusqu'aux hanches. Les cheveux des femmes tartares sont divisés en deux tresses, renfermées dans deux étuis de taffetas, et pendent sur le devant de la poitrine ; leur luxe consiste à orner la ceinture et les cheveux de paillettes d'or et d'argent, de perles, de corail, et de mille autres petits colifichets, dont il nous serait difficile de préciser la forme et la qualité, parce que nous n'avons eu ni l'occasion, ni le goût, ni la patience de faire une attention sérieuse à ces futilités.