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ni aux mœurs du pays. La première épouse est toujours la maîtresse du ménage, et la plus respectée dans la famille. Les femmes secondaires portent le nom de petites épouses (paga éme), et doivent obéissance et respect à la première.

La polygamie, abolie par l'Evangile, et contraire en soi au bonheur et à la concorde de la famille, doit peut-être être considérée comme un bien pour les Tartares. Vu l'état actuel de leur société, elle est comme une barrière opposée au libertinage et à la corruption des mœurs. Le célibat étant imposé aux Lamas, et la classe de ceux qui se rasent la tête et vivent dans les lamaseries, étant si nombreuse, si les filles ne trouvaient pas à se placer dans les familles en qualité d'épouses secondaires, il est facile de concevoir les désordres qui naîtraient de cette multiplicité de jeunes personnes sans soutien, et abandonnées à elles-mêmes.

Le divorce est très-fréquent parmi les Tartares. Il se fait sans aucune participation des autorités civiles ou ecclésiastiques. Le mari qui répudie sa femme, n'a pas même besoin d'un prétexte, pour justifier sa conduite. Il la fait reconduire, sans aucune formalité, chez ses premiers parents, et se contente de leur dire qu'il n'en veut plus. Ces procédés sont conformes aux usages tartares, et personne n'en est choqué. Le mari en est tout bonnement pour les bœufs, les moutons et les chevaux qu'il a été obligé de donner pour les cadeaux de noce. Les parents de la femme répudiée ne trouvent rien à redire à ce qu'on leur renvoie leur fille. Ils la font rentrer dans leur famille, jusqu'à ce que quelque autre la demande en mariage. Dans ce cas, ils se réjouissent même