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pour se rendre au festin de noce, et offrir leurs cadeaux aux futurs époux. Ces présents, qui consistent en bestiaux et comestibles, sont laissés à la générosité des invités. Ils sont destinés pour le père du futur, et souvent ils le dédommagent amplement des dépenses qu'il a été obligé de faire pour acheter une épouse à son fils. A mesure que les animaux arrivent, on les conduit dans des enceintes disposées d'avance pour les recevoir. Aux mariages des riches Tartares, ces vastes enceintes renferment de grands troupeaux de bœufs, de chevaux et de moutons. En général, les invités se montrent assez généreux, parce qu'ils sont persuadés qu'ils seront payés de retour, dans une semblable circonstance.

Quand la toilette de la future est terminée, on la conduit chez son beau-père ; et pendant que les Lamas, réunis en chœur, récitent les prières prescrites par le rituel, elle se prosterne d'abord vers l'image de Bouddha, puis vers le foyer, et enfin devant le père, la mère et les autres plus proches parents du futur, qui accomplit de son côté les mêmes cérémonies auprès de la famille de son épouse, réunie dans une tente voisine. Après cela, vient le festin des noces, qui se prolonge quelquefois pendant sept ou huit jours. Une excessive profusion de viande grasse, beaucoup de tabac à fumer, et de grandes cruches d'eau-de-vie, font toute la splendeur et la magnificence de ces repas. Quelquefois, il y a accompagnement de musique. On y invite des Toolholos ou chanteurs tartares, pour donner plus de solennité à la fête.

La pluralité des femmes est admise en Tartarie. Elle n'est opposée ni aux lois civiles, ni aux croyances religieuses,