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cette gorge et qui ont creusé toutes ces grottes.

Le Tartare, ayant achevé son récit, sortit un instant, et alla chercher un petit paquet, qu'il avait laissé dans la caverne où il avait passé la nuit. — Seigneurs Lamas, dit-il en rentrant, il faut que je parte. Est-ce que vous ne viendrez pas vous reposer quelques jours dans ma demeure ? Ma tente n'est pas loin d'ici ; elle est derrière cette montagne sablonneuse qu'on aperçoit au nord. Nous avons tout au plus trente lis de marche. —Merci, lui répondîmes-nous. L'hospitalité des Mongols des Ortous n'est ignorée nulle part ; mais nous avons un long voyage à faire, nous ne pouvons pas nous arrêter en route. — Dans un long voyage, qu'est-ce que quelques jours en avant, ou quelques jours en arrière ? Vos animaux ne peuvent pas toujours marcher ; ils ont besoin d'un peu de repos. Vos personnes ont eu beaucoup à souffrir par le ciel qui est tombé hier. Venez avec moi, tout ira bien. Dans quatre jours nous devons être en fête. Mon fils aîné va établir sa famille. Venez aux noces de mon fils ; votre présence lui portera bonheur.... Le Tartare, nous voyant inflexibles dans notre résolution, sauta sur son cheval, et après avoir gravi le petit sentier qui conduisait à la gorge, il disparut à travers les bruyères et les sables du désert.

Dans toute autre circonstance, nous eussions accepté avec plaisir l'offre qui nous était faite. Mais nous voulions séjourner le moins possible chez les Ortous. Nous étions dans l'impatience de laisser derrière nous ce misérable pays, où nos animaux allaient tous les jours dépérissant, et où nous-mêmes nous avions tant de misères à endurer. Une noce mongole, d'ailleurs, n'était pas chose nouvelle pour