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de ces grottes, ils s'éloigneront, eux aussi, et iront chercher l'hospitalité aux toits de quelques maisons.

Le passereau est l'oiseau de tous les pays du monde : nous l'avons trouvé partout où nous avons rencontré des hommes ; et toujours avec son caractère vif, pétulant et querelleur, toujours avec son piaulement incisif et colère. Il est pourtant à remarquer, que dans la Tartarie, la Chine et le Thibet, il est peut-être plus insolent qu'en Europe ; c'est que personne ne lui fait la guerre, et qu'on respecte religieusement son nid et sa couvée. Aussi le voit-on entrer hardiment dans la maison, y vivre avec familiarité, et recueillir tout à son aise les débris de la nourriture de l'homme. Les Chinois le nomment kia-niao-eul, c'est-à- dire, l'oiseau de la famille.

Après avoir visité une trentaine de grottes, qui ne nous offrirent rien de bien remarquable, nous retournâmes chez nous. Pendant le déjeuner, la conversation tomba naturellement sur les Chinois qui s'étaient creusé ces demeures. Nous demandâmes au Tartare s'il les avait vus. — Comment, dit-il, si j'ai vu les Kitas qui habitaient cette gorge ? mais je les connaissais tous : il y a tout au plus deux ans qu'ils ont abandonné le pays ... Au reste, ajouta-t-il, ils n'avaient pas droit de rester ici ; puisqu'ils étaient méchants, on a bien fait de les chasser. — Méchants, dis-tu ? mais quel mal pouvaient-ils faire au fond de ce misérable ravin ? — Oh ! les Kitas, qu'ils sont rusés et trompeurs ! D'abord ils parurent bons, mais cela ne dura pas longtemps. Il y a plus de vingt années, que quelques familles vinrent nous demander l'hospitalité ; comme elles étaient pauvres, on leur permit de cultiver la terre des environs, à la condition