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fenêtres qui laissent pénétrer à l'intérieur un jour suffisant ; les murs, la voûte, les fourneaux, le Kang, tout au-dedans est enduit de plâtre si bien battu et si luisant, qu'on croirait voir du stuc. Ces grottes ont l'avantage d'être chaudes pendant l'hiver et très-fraîches pendant l'été ; pourtant le défaut des courants d'air en rend quelquefois le séjour dangereux pour la santé. De semblables demeures n'étaient pas une nouveauté pour nous, car elles abondent dans notre Mission de Si-Wan. Cependant, nulle part nous n'en avions vu d'aussi bien construites que celles du pays des Ortous.

Nous prîmes donc possession d'un de ces appartements souterrains, et nous commençâmes par faire un grand feu sous les fourneaux, à l'aide de nombreux fagots de tiges de chanvre que nous eûmes le bonheur de trouver dans une de ces grottes. Jamais, dans notre voyage, nous n'avions eu à notre disposition un aussi bon combustible. En peu de temps, nos habits furent complètement secs ; nous étions si heureux de nous trouver dans cette belle hôtellerie de la Providence, que nous passâmes la plus grande partie de la nuit à savourer la douce sensation de la chaleur, pendant que Samdadchiemba ne se lassait pas de faire frire de petites pâtisseries dans de la graisse de mouton. Nous étions en fête, et il fallait bien que notre farine de froment s'en ressentît un peu.

Les animaux ne furent pas moins heureux que nous ; nous leur trouvâmes des écuries taillées dans la montagne, et ce qui valait mieux encore, un excellent fourrage. Une grotte était remplie de tiges de petit millet et de paille d'avoine. Sans cet affreux orage, qui avait failli nous faire tous