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colline avec impétuosité pour annoncer à ses compagnons la bonne nouvelle. — Nous sommes sauvés, leur cria-t-il ! il y a des grottes dans cette gorge ; allons vite nous y réfugier. — Ces paroles dégourdirent aussitôt la petite caravane ; nous laissâmes nos animaux sur la hauteur, et nous allâmes avec empressement visiter le ravin. Un sentier nous conduisit jusqu'à l'entrée de ces ouvertures ; nous approchâmes la tête, et nous découvrîmes dans l'intérieur de la montagne, non pas simplement des grottes creusées par la nature, mais de beaux et vastes appartements travaillés de main d'homme. Notre premier cri fut une expression de remercîment envers la bonté de la Providence. Nous choisîmes la^plus propre et la plus grande des cavernes que nous avions devant nous, et dans un instant nous passâmes de la misère la plus extrême au comble de la félicité. Ce fut comme une transition subite et inespérée de la mort à la vie.

En voyant ces habitations souterraines, construites avec tant d'élégance et de solidité, nous pensâmes que quelques familles chinoises se seraient rendues dans le pays, pour essayer de défricher un peu de terrain ; puis rebutées, sans doute, par la stérilité du sol, elles auraient renoncé à leur entreprise. Des traces de culture, que nous apercevions çà et là, venaient du reste confirmer nos conjectures. Lorsque les Chinois s'établissent sur quelque point de la Tartarie, s'ils rencontrent des montagnes dont la terre soit dure et solide, ils y creusent des grottes. Ces habitations sont plus économiques que des maisons, et sont moins exposées à l'intempérie des saisons. Elles sont en général très-bien disposées ; aux deux côtés de la porte d'entrée, il y a des