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ils ne manquent jamais d'alléguer la profondeur de la doctrine. Pour ce qui est de la grande majorité des Lamas, elle trouve plus commode et plus expéditif de réciter les prières d'une manière purement machinale, et sans se mettre en peine des idées qu'elles renferment. Quand nous parlerons des lamaseries du Thibet, où l'enseignement est plus complet que dans celles de la Tartarie, nous entrerons dans quelques détails sur les études lamaïques.

Les livres thibétains étant les seuls qui soient réputés canoniques, et admis dans le culte de la réforme bouddhique, les Lamas mongols passent leur vie à étudier un idiome étranger, sans s'inquiéter le moins du monde de leur propre langue. On en rencontre beaucoup, qui sont très-versés dans la littérature thibétaine, et qui ne connaissent pas même leur alphabet mongol. Il existe pourtant quelques lamaseries où l'on s'occupe un peu de l'étude de l'idiome tartare : on y récite quelquefois des prières mongoles, mais elles sont toujours une traduction des livres thibétains. Un Lama qui sait lire le thibétain et le mongol, est réputé savant ; mais il est regardé comme un être élevé au-dessus de l'espèce humaine s'il a quelque connaissance de la littérature chinoise et mantchoue.

A mesure que nous avancions dans les Ortous, le pays apparaissait de plus en plus triste et sauvage. Pour surcroît d'infortune, un épouvantable orage, qui vint clore solennellement la saison de l'automne, nous amena les froidures de l'hiver.

Un jour, nous cheminions péniblement au milieu du désert sablonneux et aride, la sueur ruisselait de nos fronts, car la chaleur était étouffante ; nous nous sentions écrasés