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de tous les Lamas et des principales autorités civiles du pays.

A part ce petit nombre de supérieurs et d'officiers, les habitants de la lamaserie se divisent en Lamas-maîtres et Lamas-disciples, ou chabis : chaque Lama a sous sa conduite un ou plusieurs chabis, qui habitent dans sa petite maison, et sont chargés de tous les détails du ménage. Si le maître possède quelques bestiaux, ils sont obligés d'en prendre soin, de traire les vaches, et de confectionner le beurre et la crème. En retour de ces services, le maître guide ses disciples dans l'étude des prières, et les initie à la liturgie. Tous les matins le chabi doit être sur pied avant son maître : son premier soin est de balayer la chambre, d'allumer le feu et de faire bouillir le thé ; après cela, il prend son livre de prière, va l'offrir respectueusement à son maître, et se prosterne trois fois devant lui, le front contre terre, et sans proférer une seule parole. Par ce témoignage de respect, il demande qu'on veuille bien lui marquer la leçon, qu'il aura à étudier pendant la journée. Le maître ouvre le livre, et en lit quelques pages, suivant la capacité de son disciple : celui-ci se prosterne de nouveau trois fois, en signe de remercîment, et s'en retourne à son ménage.

Le chabi étudie son livre de prière quand bon lui semble ; il n'a pas d'heure fixe pour cela ; il peut passer son temps à dormir ou à folâtrer avec les autres jeunes élèves, sans que son maître s'occupe de lui le moins du monde. Quand le moment de se coucher est venu, il doit aller réciter d'une manière imperturbable la leçon qui lui a été fixée le matin : si sa récitation est bonne, il est censé avoir fait son