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du Thibet, et dont les possessions démoniaques excitent le respect, l'admiration et l'enthousiasme de tout le monde.

Il n'est pas de royaume tartare qui ne possède dans quelqu'une de ses lamaseries de premier ordre, un Bouddha-vivant. Outre ce supérieur, il y a toujours encore un autre grand Lama qu'on choisit parmi les membres de la famille royale. Le Lama thibétain réside dans la lamaserie comme une idole vivante, recevant tous les jours les adorations des dévots, auxquels il distribue en retour des bénédictions. Tout ce qui a rapport aux prières et aux cérémonies liturgiques est placé sous sa surveillance immédiate. Le grand Lama mongol est chargé de l'administration, de l'ordre, et de la police de la lamaserie ; il gouverne, tandis que son collègue se contente à peu près de régner : La fameuse maxime : Le roi règne et ne gouverne pas, n'est pas, comme on voit, une grande découverte en politique. On prétend inventer un nouveau système, et on ne fait que piller, sans rien dire, la vieille constitution des lamaseries tartares.

Au-dessous de ces deux espèces de souverains, il y a plusieurs officiers subalternes, qui se mêlent du détail de l'administration, des revenus, des ventes, des achats et de la discipline. Les scribes sont chargés de tenir les registres, et de rédiger les règlements et ordonnances que le grand Lama gouvernant promulgue pour la bonne tenue et l'ordre de la lamaserie. Ces scribes sont en général très-habiles dans les langues mongole, thibétaine, et quelquefois chinoise et mantchoue. Avant d'être admis à cet emploi, ils sont obligés de subir des examens très-rigoureux, en présence