Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 1.djvu/296

Cette page n’a pas encore été corrigée

j'avais l'usage pour prendre le thé ... Et ainsi du reste.

Sans aucun doute, les Mongols sont, plus d'une fois, les dupes de la supercherie de ceux qui ont intérêt à faire un grand Lama de ce marmot. Nous croyons néanmoins que souvent tout cela se fait de part et d'autre avec simplicité et de bonne foi. D'après les renseignements que nous n'avons pas manqué de prendre auprès de personnes dignes de la plus grande confiance, il parait certain que tout ce qu'on dit des Chaberons ne doit pas être rangé parmi les illusions et les prestiges. Une philosophie purement humaine rejettera sans doute des faits semblables, ou les mettra sans balancer sur le compte des fourberies lamaïques. Pour nous, missionnaires catholiques, nous croyons que le grand menteur qui trompa autrefois nos premiers parents dans le paradis terrestre, poursuit toujours dans le monde son système de mensonge : celui qui avait la puissance de soutenir dans les airs Simon le Magicien, peut bien encore aujourd'hui parler aux hommes par la bouche d'un enfant, afin d'entretenir la foi de ses adorateurs.

Les titres du Bouddha-vivant ayant été constatés, on le conduit en triomphe jusqu'au soumé dont il doit redevenir le grand Lama. Dans la route qu'il suit, tout s'ébranle, tout est en mouvement : les Tartares vont par grandes troupes se prosterner sur son passage, et lui présenter leurs offrandes. Aussitôt qu'il est arrivé dans sa lamaserie, on le place sur l'autel ; et alors rois, princes, mandarins, lamas, tous les Tartares, depuis le plus riche jusqu'au plus pauvre, viennent courber leur front devant cet enfant, qu'on a été chercher à grands frais dans le fond