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bleu qui surmonte leur bonnet ; c'est parmi eux que les souverains des divers Etats choisissent leurs ministres, qui sont ordinairement au nombre de trois ; on les nomme Toutzelaktsi, c'est-à-dire, homme qui aide ou qui prête son ministère. Cette dignité leur donne le droit de porter le globule rouge. Au-dessous des Toutzelaktsi, sont les Touchimel, officiers subalternes, qui sont chargés des détails de l'administration. Enfin, quelques secrétaires ou interprètes, qui doivent être versés dans les langues mongole, mantchoue et chinoise, complètent la hiérarchie.

Dans le pays des Khalkhas, au nord du désert de Gobi, on trouve une contrée entièrement occupée par les Taitsi ; on les croit descendants de la dynastie mongole, fondée par Tchinggiskhan, et qui occupa le trône impérial depuis l'an 1260 jusqu'à 1341. Après la révolution qui rendit aux Chinois leur indépendance nationale,ils se réfugièrent parmi les Khalkhas, obtinrent sans peine une portion de leur immense territoire, et adoptèrent la vie nomade qu'avaient menée leurs ancêtres, avant la conquête de la Chine. Ces Taitsi passent leurs jours dans la plus grande indépendance, sans être soumis à aucune charge, sans payer de tribut à personne, et sans reconnaître aucun souverain. Leurs richesses se composent de tentes et de bestiaux. La terre des Taitsi est le pays mongol où on trouverait retracées le plus exactement les mœurs patriarcales, telles que la Bible nous les dépeint dans les vies d'Abraham, de Jacob et des autres pasteurs de la Mésopotamie.

Les Tartares qui ne sont pas de famille princière sont esclaves ; ils vivent sous la dépendance absolue de leurs maîtres. Outre les redevances qu'ils doivent payer, ils sont