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soient nomades, et sans cesse errants de côté et d'autre, ils ne sont pas libres pourtant d'aller vivre dans un pays autre que le leur ; ils sont tenus de demeurer dans leur royaume et sous la dépendance de leur maître ; car, il faut le dire, parmi les tribus mongoles, l'esclavage est encore dans toute sa vigueur. Pour bien comprendre le degré de liberté dont peuvent jouir ces peuples, au milieu de leurs contrées désertes, il est bon d'entrer dans quelques détails sur la forme de leur gouvernement.

La Mongolie est divisée en plusieurs souverainetés, dont les chefs sont soumis à l'empereur de Chine, Tartare lui-même, mais de race Mantchoue ; ces chefs portent des titres qui correspondent à ceux de rois, de ducs, de comtes, de barons, etc. Ils gouvernent leurs Etats selon leur bon plaisir, et sans que personne ait le droit de s'immiscer dans leurs affaires ; ils ne reconnaissent pour suzerain que l'empereur de Chine. Quand il s'élève entre eux des différends, ils ont recours à Péking, au lieu de se donner des coups de lances, comme cela se pratiquait autrefois, au moyen-âge de l'Europe, parmi ces petits souverains si guerroyeurs et si turbulents, ils se soumettent toujours avec respect aux décisions de la cour de Péking, quelles qu'elles puissent être. Bien que les souverains mongols se croient tenus d'aller tous les ans se prosterner devant le fils du ciel, maître de la terre, ils soutiennent cependant que le Grand-Khan n'a pas le droit de détrôner les familles régnantes dans les principautés tartares. Il peut casser le roi pour des causes graves ; mais il est obligé de mettre à la place un de ses enfants. La souveraineté appartient, disent-ils, à telle famille,