Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 1.djvu/280

Cette page n’a pas encore été corrigée

ce qu'il en ait découvert le propriétaire, et il le lui rend alors sans le moindre intérêt. ... Les Ortous sont principalement intelligents dans la manière d'élever les bestiaux ; la plupart de leurs chevaux sont doux et traitables. Les Tchakar, au nord des Ortous, ont la réputation de les élever avec beaucoup de soin et de succès ; je crois cependant que les Ortous les surpassent encore en ce point. Malgré cet avantage, ils ne sont pas à beaucoup près aussi riches que les autres Mongols. »

Cette citation que nous empruntons à l'abbé Grosier. est en tout point conforme avec ce que nous avons pu remarquer chez les Ortous. Il paraît que depuis le temps de l'empereur Khang-Hi, ces peuples n'ont nullement changé.

L'aspect du pays que nous parcourûmes pendant notre première journée de marche, nous parut beaucoup se ressentir du voisinage des pêcheurs chinois qui résident sur les bords du fleuve Jaune. Nous rencontrâmes ça et là quelques terres cultivées ; mais rien de plus triste et de plus mauvaise mine que cette culture, si ce n'est peut-être le cultivateur lui-même. Ces misérables agricoles sont des gens mixtes, moitié Chinois, moitié Tartares, n'ayant ni l'industrie des premiers, ni les mœurs franches et simples des seconds ; ils habitent dans des maisons, ou plutôt sous de sales hangars, construits avec des branches entrelacées et grossièrement enduites de boue et de fiente de bœuf. La soif nous ayant forcés d'entrer dans une de ces habitations, pour demander l'aumône d'une écuellée d'eau, nous pûmes nous convaincre que l'intérieur ne démentait en rien la misère qui apparaissait au dehors. Hommes et animaux,