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ont fait le théâtre de guerres sanglantes. Pendant les dixième, onzième et douzième siècles, elles sont demeurées sous la domination des rois de Hia, qui se disaient Tartares d'origine Thou-Pa dans le pays de Si-Fan. La capitale de leur royaume, nommée Hia-Tcheou, était située aux pieds des monts Alecha, entre le Hoang-Ho et la grande muraille. Maintenant cette ville s'appelle Ning-Hia, et appartient à la province de Kan-Sou. En 1227, le royaume de Hia, et par suite l' Ortous, furent enveloppés dans la ruine commune par les victoires de Tchingghiskhan, fondateur de la dynastie tartare des Youen.

Après l'expulsion des Tartares-Mongols par les Ming, les Ortous tombèrent au pouvoir du Khan du Tchakar. Ce dernier ayant fait sa soumission aux conquérants Mantchous, en 1635, les Ortous suivirent son exemple, et furent réunis à l'empire, en qualité de peuples tributaires.

L'empereur Khang-Hi, dans le cours de son expédition contre les Eleuts, en 1696, fit quelque séjour parmi les Ortous. Voici ce qu'il disait de ce peuple, dans une lettre écrite au prince son fils, resté à Péking : « Jusqu'ici, dit-il, je n'avais point l'idée qu'on doit se former des Ortous ; c'est une nation très-policée, et qui n'a rien perdu des anciennes coutumes des vrais Mongols. Tous leurs princes vivent entre eux dans une union parfaite, et ne connaissent point la différence du tien et du mien. Il est inoui de trouver un voleur parmi eux, quoiqu'ils ne prennent aucune précaution pour la garde de leurs chameaux et de leurs chevaux. Si par hasard un de ces animaux s'égare, celui qui le trouve en prend soin, jusqu'à