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et les satellites tartares ; pour nous, nous ne souffrîmes pas qu'on usât à notre égard du même procédé ; nous avions des animaux à notre service, et nous voulûmes en user pour effectuer notre débarquement. Samdadchiemba nous les conduisit tout près de la barque, alors M. Gabet sautant sur le cheval, et M. Hue sur le mulet, nous regagnâmes la terre, sans être obligés de monter sur les épaules d'autrui.

Le soleil était sur le point de se coucher. Nous eussions bien désiré camper aussitôt, car nous étions exténués de faim et de fatigue, mais cela n'était pas encore possible ; nous avions, nous disait-on, dix lis à faire avant de nous débarrasser tout-à-fait de la boue et des marais. Nous chargeâmes donc nos chameaux, et nous achevâmes dans la peine et la souffrance cette journée de misères. Il était nuit close quand nous pûmes dresser la tente ; les forces nous manquèrent pour préparer notre nourriture accoutumée ; de l'eau froide et quelques poignées de petit millet grillé furent tout notre souper. Après avoir fait une courte prière, nous n'eûmes qu'à nous laisser aller sur nos peaux de bouc, pour nous endormir profondément.