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ce qu'il désire. Persuadés des inconvénients de cette corvée imprévue, nous cherchâmes à en délivrer notre malade. — Frère, lui dîmes-nous, sois en paix, le mandarin qui attend ces barques est un Tartare ; c'est le ministre du roi de ces pays-ci. Sois en paix, nous tâcherons d'arranger la chose. Allons très-lentement, arrêtons-nous quelquefois ... ; tant que nous serons sur ta barque, les satellites, les mandarins subalternes, le Toudzelaktsi même, personne n'osera te rien dire... Nous discontinuâmes en effet notre route ; et pendant que nous prenions un peu de repos, les trois barques qui nous précédaient arrivèrent à l'endroit où attendait l'autorité mongole. Bientôt deux mandarins à globule bleu coururent vers nous de toute la vitesse de leurs chevaux. — Que fais-tu donc ici, crièrent-ils au batelier ; d'où vient que tu n'avances pas ?... Nous prîmes alors la parole... — Frères mongols, dîmes-nous aux deux cavaliers, priez votre maître de s'arranger avec les trois barques qui sont déjà arrivées. Cet homme est malade, il y a longtemps qu'il rame ; ce serait une cruauté de l'empêcher de prendre un peu de repos. — Qu'il soit fait selon les paroles que vous venez de prononcer, seigneurs Lamas, nous repondirent les deux cavaliers ; et à ces mots, ils s'en retournèrent en toute hâte vers le Toudzelaktsi.

Nous reprîmes notre route, mais nous avançâmes le plus lentement possible, afin de donner le temps à tout le monde de s'embarquer avant notre arrivée. Bientôt nous vîmes revenir les trois barques chargées de mandarins et de satellites ; leurs nombreux chevaux s'en allaient en troupe prendre une autre direction, sous la conduite d'un batelier.