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que nous partirions volontiers le lendemain, mais que nous n'étions pas encore d'accord sur le prix du passage avec les gens du bac. — J'ai une barque, nous dit le pêcheur, et puisque vous avez pansé ma blessure, je tâcherai d'employer la journée de demain à vous faire traverser le bassin. Si la barque m'appartenait en entier, je pourrais, dès cette heure, vous donner ma parole ; mais j'ai deux associés, il faut que je délibère avec eux. De plus nous aurons à prendre des informations détaillées sur la route. Nous autres pêcheurs nous ne savons pas la profondeur de l'eau sur tous les points. Il est dans le bassin des endroits dangereux ; il faut les bien connaître par avance, pour ne pas s'exposer à un malheur. N'allez pas parler de nouveau de votre passage avec les gens du bac. je reviendrai ce soir, avant la nuit, et nous délibérerons ensemble sur tout cela.

Ces paroles nous donnèrent l'espoir de pouvoir peut-être continuer notre route, sans être obligés de faire une trop forte dépense. Comme il l'avait promis, le pêcheur revint vers la nuit, à notre tente. Mes associés, nous dit-il, n'étaient pas d'avis d'entreprendre ce travail, parce que cela leur fera perdre une journée de pêche. Je leur ai promis que vous donneriez quatre cents sapèques, et l'affaire a été ainsi arrêtée. Demain nous irons prendre des informations sur la route que nous avons à suivre. Après demain, avant le lever du soleil, pliez la tente, chargez les chameaux, et rendez-vous au rivage. Si vous rencontrez les gens du bac, ne dites pas que vous nous donnez quatre cents sapèques ; comme ils ont seuls le droit de passage, ils peuvent faire procès à ceux qui transportent des voyageurs par contrebande.