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prise à l'inférieur tempère l'ardeur du sang, et éteint les inflammations d'entrailles. Elle est un excellent vulnéraire pour les plaies et les contusions. Ce fruit joue un grand rôle dans la médecine chinoise ; on en trouve dans toutes les pharmacies. Les vétérinaires s'en servent aussi avec succès, pour traiter les maladies internes des bœufs et des chevaux. Dans le nord de la Chine nous avons été souvent témoins des salutaires effets du Kou-Kouo.

Nous délayâmes dans de l'eau froide un de ces fruits pulvérisé. Nous lavâmes la plaie de ce malheureux et nous lui donnâmes un peu de toile propre, pour remplacer les haillons sales et dégoûtants qui lui servaient de bandage. Quand nous eûmes fait pour cet homme souffrant ce qui dépendait de nous, nous remarquâmes qu'il était dans un embarras extrême. Sa figure rougissait, il tenait les yeux baissés, et commençait des phrases qu'il n'achevait pas. — Frère, lui dîmes-nous, tu as quelque chose dans le cœur. — Saints personnages, vous le voyez, je suis pauvre. Vous avez pansé ma plaie ; vous m'avez préparé un grand vase d'eau vulnéraire... ; je ne sais combien je dois offrir pour tout cela. — Si tel est le sujet de ton trouble, lui dîmes-nous avec empressement, tu peux laisser la paix rentrer à l'aise dans ton cœur. En soignant ta jambe, nous avons rempli un devoir que nous impose notre religion. Ces remèdes que nous avons préparés, nous te les donnons. ... Nos paroles tirèrent d'un grand embarras ce pauvre pêcheur. Il se prosterna aussitôt, et frappa trois fois la terre du front, en signe de remerciement. Avant de se retirer, il nous demanda si nous avions dessein de camper encore pendant quelques jours. Nous lui répondîmes