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faim, nous nous décidâmes à les manger ; leur chair a un goût faisandé et assez agréable, mais elle est d'une dureté extrême.

Il serait facile aux Tartares de faire la chasse à tous ces oiseaux de passage, surtout aux oies et aux canards sauvages, dont le nombre est prodigieux ; ils les prendraient avec facilité, sans même qu'il fût nécessaire de faire aucune dépense de poudre ; il suffirait de tendre des piéges sur les bords des lacs, ou d'aller les surprendre pendant la nuit parmi les plantes aquatiques. Mais, comme nous l'avons dit déjà, la viande des animaux sauvages est peu de leur goût. Il n'est rien pour eux, qui puisse être comparé à un quartier de mouton bien gras et à moitié bouilli.

Les Mongols s'adonnent également fort peu à la pêche ; les lacs et les étangs poissonneux, qu'on rencontre si fréquemment en Tartarie, sont devenus, en quelque sorte la propriété des Chinois. Ces rusés spéculateurs ont commencé par acheter des rois tartares, la permission de faire la pêche dans leurs Etats ; et petit à petit ils se sont fait un droit rigoureux de cette espèce de tolérance. Le Paga-Gol, (petite rivière) dont nous étions peu éloignés, avait sur ses rives quelques cases de pêcheurs chinois. Ce Paga-Gol, ou plutôt cette vaste étendue d'eau est formée par la jonction de deux rivières, qui, prenant leur source des deux côtés d'une colline, coulent en sens opposé ; l'une, allant vers le nord, se jette dans le fleuve Jaune ; et l'autre, descendant vers le midi, va grossir une seconde rivière qui a également son embouchure dans le Hoang-Ho : mais dans le temps des grandes inondations, les deux rivières, ainsi que la colline qui sépare leurs cour, tout disparaî