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les glaces de la Sibérie et la haute Tartarie. O ! nous disions-nous, si ces oiseaux pouvaient entendre nos paroles, s'il nous était donné de comprendre leur langage, combien nous aurions de questions à leur faire !... Hélas! nous ne savions pas alors, que pendant plus de deux ans encore, nous serions privés de toute communication avec notre patrie !

Ces innombrables oiseaux voyageurs qui parcourent incessamment la Tartarie sont en général connus en Europe ; ce sont des oies et des canards sauvages, des sarcelles, des cigognes, des outardes, et plusieurs autres de la famille des échassiers. Le Youen-Yang est une espèce d'oiseau aquatique, qu'on rencontre partout où il y a des étangs ou des eaux marécageuses ; il est de la grosseur et de la forme du canard, mais il a le bec rond et non aplati ; il a la tête rousse et parsemée de petites taches blanches, la queue noire, et le reste du plumage d'une belle couleur pourpre. Son cri a quelque chose de triste et de mélancolique ; ce n'est pas un chant, mais plutôt un soupir clair et prolongé, qui imite la voix plaintive d'un homme en souffrance. Ces oiseaux vont toujours deux à deux ; ils affectionnent d'une manière particulière les endroits déserts et aqueux ; on les voit sans cesse folâtrer sur la surface des eaux, sans que le couple se sépare jamais ; si l'un s'envole, l'autre le suit aussitôt, et celui qui meurt le premier ne laisse pas longtemps son compagnon dans le veuvage, car il se consume bientôt de langueur et d'ennui. Youen est le nom du mâle, et Yang celui de la femelle, Youen-Yang est leur dénomination commune.

Nous avons remarqué en Tartarie une autre espèce d'oiseau