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de tout genre. Les chameaux craignant beaucoup l'eau, il est quelquefois absolument impossible de les faire monter sur une barque : on leur déchire le nez, on les meurtrit de coups, sans pouvoir les faire avancer d'un pas ; on les tuerait plutôt. La barque que nous avions devant nous semblait surtout nous présenter des obstacles presque insurmontables ; elle n'était pas plate et large, comme celles qui, d'ordinaire, servent au passage des fleuves. Ses bords étaient très-élevés, de sorte que les animaux étaient obligés de sauter par-dessus, au risque et péril de se casser les jambes. Quand il s'agissait de faire passer une charrette, c'était bien autre chose : il fallait d'abord commencer par la démonter complétement, et puis embarquer les pièces à force de bras.

Les bateliers s'emparaient déjà de nos effets, pour les transporter sur leur abominable locomotive ; mais nous les arrêtâmes. — Attendez un instant, leur dîmes-nous ; il faut avant tout essayer de faire passer les chameaux ; car, s'ils ne veulent pas entrer, il est inutile de transporter le bagage. — D'où viennent donc vos chameaux, pour qu'ils ne sachent pas monter sur des barques ? — Peu importe de savoir d'où ils viennent... ; ce que nous te disons, c'est que cette grande chamelle blanche n'a jamais voulu passer aucun fleuve, même sur une barque plate. — Barque plate ou non plate, grande ou petite chamelle, il faudra bien que tout passe... ; et en disant ces mots il courut dans son bateau s'emparer d'une énorme barre. — Empoigne la ficelle, dit-il à son compagnon, et pince un peu le nez de cette grande bête ; on verra si on ne parviendra pas à la faire asseoir dans notre maison. — Pendant qu'un homme