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qu'on nous avait indiquée. Les bateliers, après nous avoir aidés à replacer à la hâte nos bagages sur les chameaux, nous indiquèrent le point vers lequel nous devions nous rendre. — Voyez-vous à droite ce petit miao (pagode) ? A quelques pas du miao, voyez-vous ces cabanes en branches et ces filets noirs suspendus à de longues perches ?... C'est là que vous trouverez le bac pour passer le fleuve. Marchez en suivant le bas de cette digue, et allez en paix.

Après avoir cheminé péniblement pendant une demi-heure le long de cette digue, nous arrivâmes au bac. Les bateliers vinrent aussitôt à nous. — Seigneurs Lamas, nous dirent-ils, vous avez sans doute dessein de passer le Hoang-ho... Mais voyez, ce soir la chose est impossible, le soleil est sur le point de se coucher. — Vos paroles sont sensées, nous traverserons demain à l'aube du jour. Cependant, ce soir, parlons du prix ; demain nous ne perdrons pas de temps à délibérer. — Ces bateliers chinois eussent préféré attendre au lendemain, pour discuter ce point important. Ils espéraient que nous offririons une plus grosse somme quand nous serions sur le moment de nous embarquer. Dès l'abord, leurs exigences furent folles. Par bonheur il y avait deux barques qui se faisaient concurrence, sans cela nous étions ruinés. Le prix fut enfin fixé à mille sapèques. Le trajet n'était pas long, il est vrai ; car le fleuve était presque rentré dans son lit : mais les eaux étaient très-rapides, et de plus, les chameaux devaient monter sur le bateau. La somme,assez forte en elle-même nous parut pourtant convenable, vu la difficulté et la peine de la traversée.