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fourrage que nous pûmes trouver à acheter. De plus, aussitôt que le jour parut, on distribua généreusement à chacun d'eux un solide picotin d'avoine.

Nous nous mîmes en marche le cœur plein de courage et de confiance en Dieu. Le vieux Tartare, qui nous avait si cordialement logés chez lui, voulut nous faire la conduite jusqu'au dehors de la ville. Là, il nous fit remarquer dans le lointain une longue traînée de vapeurs épaisses qui semblaient fuir d'occident en orient : elles marquaient le cours dn fleuve Jaune. — A l'endroit où vous apercevez ces vapeurs, nous dit le Tartare, il y a une grande digue qui sert à contenir le fleuve dans son lit, lorsque la crue des eaux n'est pas extraordinaire. Maintenant cette digue est à sec. Lorsque vous y serez parvenus, vous la remonterez jusqu'à cette petite pagode que vous voyez là-bas sur votre droite ; c'est là que vous trouverez une barque qui vous portera de l'autre côté du fleuve Jaune. Ne perdez pas de vue cette petite pagode, et vous ne vous égarerez pas. ... Après avoir remercié ce bon vieillard de toutes les attentions qu'il avait eues pour nous, nous continuâmes notre route.

Bientôt nous nous trouvâmes engagés dans des champs remplis d'une eau jaunâtre et croupissante. Devant nous, l'œil n'apercevait que des marais immenses, seulement entrecoupés de distance en distance par quelques petites digues que les eaux avaient depuis peu abandonnées. Les laboureurs de ces contrées avaient été forcés de se faire bateliers, et on les voyait se transporter d'un endroit à un autre, montés sur des nacelles qu'ils conduisaient à travers leurs champs. Nous avancions pourtant au milieu de ces