Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 1.djvu/215

Cette page n’a pas encore été corrigée

Ah-ya, j'ai déjà fait beaucoup de chemin, et j'en ai encore bien davantage à faire... Je parcours les pays tartares ; dans ces déserts il est bon d'avoir un sabre au côté, car on n'est pas toujours sûr de rencontrer de braves gens. — Est-ce que tu serais de quelque société chinoise pour l'exploitation du sel ou des champignons blancs ? — Non, je suis d'une grande maison de commerce de Péking : je suis chargé d'aller réclamer les dettes chez les Tartares .. Et vous autres, où allez-vous ? — Ces jours-ci nous passerons le fleuve Jaune à Tchagan-Kouren, et nous continuerons notre route vers l'occident, en traversant le pays des Ortous. — Vous n'êtes pas Mongols, à ce qu'il paraît. — Non, nous sommes du ciel d'occident. — Ah-ya, nous sommes donc à peu près la même chose, notre métier n'est pas différent. Vous êtes, comme moi, mangeurs de Tartares. — Mangeurs de Tartares,... dis-tu ; mais qu'est-ce que cela signifie ? — Oui, notre métier c'est de manger les Mongols. Nous autres, nous les mangeons par le commerce, et vous autres par les prières. Les Mongols sont simples ; pourquoi n'en profiterions-nous pas, pour gagner de l'argent ? — Tu te trompes ; depuis que nous sommes en Tartarie, nous avons fait de grandes dépenses, mais nous n'avons jamais pris aux Mongols une seule sapèque. — Ah-ya, ah-ya! — Tu te figures que nos chameaux, notre bagage, tout cela vient des Tartares..., Tu te trompes, tout a élé acheté avec l'argent venu de notre pays. — Je croyais que vous étiez venus en Tartarie pour réciter des prières. — Tu as raison, nous y sommes en effet pour cela ; nous ne savons pas faire le commerce... Nous entrâmes dans quelques détails pour faire