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nos chameaux et de les attacher à une crèche sous un hangar, lorsque nous vîmes entrer dans la grande cour, un voyageur qui tirait après lui par le licou, un cheval maigre et efflanqué ; ce personnage n'était pas de riche taille, mais en retour il avait un embonpoint prodigieux, Il était coiffé d'un large chapeau de paille, dont les rebords flexibles descendaient jusque sur ses épaules ; un long sabre, qui pendait à sa ceinture, contrastait avec l'air réjoui de sa figure. — Intendant de la marmite, s'écria-t-il en entrant, y-a-t-il place pour moi dans ton auberge ? — Je n'ai qu'une chambre à donner aux voyageurs ; trois hommes mongols, qui viennent d'arriver tout à l'heure, l'occupent actuellement. Va voir s'ils peuvent te recevoir

Le nouveau-venu se dirigea pesamment vers l'endroit où nous étions déjà installés. — Paix et bonheur, seigneurs Lamas ; occupez-vous toute la place de cette chambre ? N'y en aurait-il pas encore un peu pour moi ? — Pourquoi n'y en aurait-il pas pour toi, puisqu'il y en a pour nous ? Est-ce que nous ne sommes pas les uns et les autres des voyageurs ? — Excellente parole, excellente parole ! Vous êtes Tartares, moi je suis Chinois ; mais vous comprenez merveilleusement les rites, vous savez que tous les hommes sont frères Après avoir dit ces mots, il alla attacher son cheval à la crèche, à côté de nos animaux ; puis il déposa son petit bagage sur le Kang, et s'étendit tout de son long comme un homme harassé... Ah-ya, ah-ya! faisait-il, me voici donc à l'auberge ;.... ah-ya, comme il fait bien meilleur ici qu'en route!.... ah-ya, voyons que je me repose un peu ! — Où vas-tu, lui dîmes-nous, pourquoi portes-tu un sabre quand tu voyages ?