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Nous séjournâmes encore doux jours à Koukou-Hote ; outre que nous avions besoin d'un peu de repos, nous étions bien aise de visiter cette grande ville, et de faire connaissance avec les nombreuses et célèbres lamaseries qui y sont établies.

La Ville-Bleue a une grande importance commerciale ; mais cette importance ne lui est venue que des lamaseries, dont le renom attire les Mongols des pays les plus éloignés ; aussi le commerce qui s'y fait, est il presque exclusivement tartare. Les Mongols y conduisent, par grands troupeaux, des bœufs, des chevaux, des moutons et des chameaux ; ils y voiturent aussi des pelleteries, des champignons et du sel, seuls produits des déserts de la Tartarie. Ils prennent en retour, du thé en brique, des toiles, des selles pour les chevaux, des bâtonnets odoriférants pour brûler devant leurs idoles, de la farine d'avoine, du petit millet, et quelques instruments de cuisine. La Ville-Bleue est surtout renommée pour son grand commerce de chameaux. Une vaste place, où aboutissent les rues principales de la ville, est le lieu où se réunissent tous les chameaux qui sont en vente. Des élévations en dos d'une qui se prolongent d'un bout de la place à l autre donnent à ce marché la ressemblance d'un champ où on aurait tracé d'énormes sillons. Tous les chameaux sont alignés et placés les uns à côté des autres, de manière à ce que leurs pieds de devant reposent sur la crête de ces grandes élévations. Une position semblable fait ressortir et grandit en quelque sorte la stature de ces animaux dont la taille est déjà si gigantesque. II serait difficile d'exprimer tout le brouhaha et toute la confusion de ces marchés. Aux cris des vendeurs