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ses recherches avaient été à peu près infructueuses. Seulement il avait appris d’un Tartare, que notre Lama était parti depuis quelques jours pour nous reconduire nos chameaux. Aussi, grande fut la surprise du courrier, quand il sut que personne n’avait encore paru… Comment, disait-il, est-ce donc que j’ai le jarret meilleur qu’un chameau ? Ils sont partis de Naiman avant moi…., et me voici arrivé avant eux ! Mes Pères spirituels, encore un jour de patience ; je réponds que chameaux et Lama tout sera ici demain… Plusieurs jours se passèrent, et nous étions toujours dans la même position. Nous renvoyâmes le courrier encore une fois à la découverte, en lui recommandant d’aller jusque sur les lieux mêmes où les chameaux avaient été mis au pâturage, de voir les choses de ses propres yeux, sans se fier aux rapports de qui que ce fût.

Pendant ces jours de pénible attente, nous continuâmes d’habiter les Gorges-contiguës, pays tartare dépendant du royaume Ouniot[1]. Ces contrées paraissent avoir été bouleversées par de grandes révolutions. Les habitants actuels prétendent que, dans les temps anciens, le pays était occupé par des tribus coréennes. Elles en auraient été chassées par les guerres, et se seraient réfugiées dans la presqu’île qu’elles possèdent encore aujourd’hui, entre la mer Jaune et la mer du Japon. On rencontre assez souvent, dans cette partie de la Tartarie, des restes de grandes villes, et des débris de châteaux-forts assez semblables à ceux du moyen-âge de l’Europe. Quand on fouille parmi ces décombres, il n’est

  1. Malgré le peu d’importance des tribus tartares, on leur donnera le nom de royaume, parce que le chef de ces tribus est appelé Wang (Roi).