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Il en est de même pour tout ce qui regarde la chasse et le tir de l'arc.

Les Mantchous d'aujourd'hui sont encore d'excellents archers. On parle surtout beaucoup de l'habileté de ceux qui appartiennent à la tribu des Solons. Dans toutes les stations militaires, l'exercice de l'arc se fait à des jours réglés en présence des Mandarins et du peuple. Trois mannequins en paille, de la hauteur d'un homme, sont disposés en ligne droite à vingt ou trente pas l'un de l'autre ; le cavalier se place sur une ligne parallèle, distante de la première d'environ une quinzaine de pas ; son arc est bandé et la flèche prête à partir. Dès que le signal est donné, il pousse son cheval au grand galop, et décoche une flèche sur le premier but ; sans s'arrêter, il retire une seconde flèche du carquois, bande l'arc de nouveau, et lance la flèche contre le second mannequin ; puis il fait ainsi de la même manière une troisième fois, sur le troisième mannequin. Pendant ce temps le cheval va toujours ventre à terre, suivant la ligne tracée ; de sorte qu'il faut se tenir toujours ferme sur les étriers, et manœuvrer avec assez de promptitude pour ne pas se trouver trop éloigné du but qu'on veut frapper. Du premier mannequin au second, l'archer a beau se hâter pour prendre sa flèche du carquois et bander l'arc ; il dépasse ordinairement le but, et est obligé de tirer un peu en arrière ; au troisième coup, le but étant très-loin, il doit décocher la flèche tout-à-fait derrière lui, à la manière des Parthes. Pour être réputé bon archer, il faut ficher une flèche dans chaque mannequin. « Savoir décocher une flèche, dit un auteur mantchou, est la première et la plus importante science d'un Tartare ; quoique