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courriers de Si-Wang[1], petite chrétienté chinoise, où le Vicaire apostolique de Mongolie a fixé sa résidence épiscopale. Le Prélat nous envoyait ses instructions pour le grand voyage que nous étions sur le point d’entreprendre, dans le dessein d’étudier le caractère et les mœurs des Tartares, et de reconnaître, s’il était possible, l’étendue et les limites du vicariat. Ce voyage, que nous méditions depuis longtemps, fut enfin arrêté ; et nous envoyâmes un jeune Lama, nouvellement converti, à la recherche de quelques chameaux que nous avions mis au pâturage dans le royaume de Naiman, En attendant son retour, nous nous hâtâmes de terminer les ouvrages mongols, dont la rédaction nous occupait depuis quelque temps.

Nos petits livres de prières et de doctrine étaient prêts ; mais notre jeune Lama n’avait pas encore paru. Nous pensions pourtant qu’il ne pouvait guère tarder. Nous quittâmes donc la vallée des Eaux-Noires[2], pour aller l’attendre aux Gorges-contiguës[3]. Ce dernier poste nous paraissait plus favorable pour faire les préparatifs de notre voyage. Cependant les jours s’écoulaient dans une vaine attente ; les fraîcheurs de l’automne commençaient à se faire piquantes, et nous redoutions beaucoup de commencer nos courses à travers les déserts de la Tartarie, pendant les froidures de l’hiver. Nous résolûmes donc d’envoyer à la découverte de nos chameaux et de notre Lama. Un Catéchiste de bonne volonté, homme d’expédition et bon marcheur, se mit en route. Au jour fixé il fut de retour. Mais

  1. Petit village chinois, situé au nord de la grande muraille, et éloigné de Suen-Hoa-Fou d’une journée de chemin.
  2. Hé-Chuy.
  3. Pié-lié-Keou.