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idolâtres, dont la religion n’est qu’un monstrueux assemblage de doctrines et de pratiques empruntées tout à la fois à Lao-Tseu, à Confucius, et à Bouddha.

On sait que, dans les premiers temps de la dynastie actuelle, les Missionnaires s étaient acquis par leurs talents un grand crédit à la cour ; ils accompagnaient toujours les empereurs, dans les longs et fréquents voyages qu’ils faisaient à cette époque dans les terres de leur ancien empire. Ces zélés prédicateurs de l’Evangile ne manquaient jamais de profiter de la protection et de l’influence dont ils jouissaient pour répandre partout sur leur route la semence de la vraie doctrine. Telle fut la première origine de l’introduction du christianisme en Mantchourie. On ne compta d’abord que peu de néophytes ; mais leur nombre augmenta sensiblement dans la suite, par les migrations des Chinois, où se trouvaient toujours quelques familles chrétiennes : ces Missions ont fait partie du diocèse de Péking jusqu’à ces dernières années. M. l’évêque de Nanking, administrateur du diocèse de Péking, se voyant au terme de sa carrière, craignit que les commotions politiques, dont le Portugal, sa patrie, était alors le théâtre, ne permissent pas à l’église portugaise d’envoyer un assez grand nombre d’ouvriers pour cultiver le vaste champ qui lui était confié ; en conséquence, il exposa ses alarmes à la sacrée Congrégation de propaganda fide, et la supplia avec instance de prendre sous sa sollicitude des moissons déjà mûres, mais qui risquaient de périr, faute d’ouvriers qui vinssent les recueillir. La sacrée Congrégation, touchée des inquiétudes de ce vénérable et zélé vieillard, parmi les mesures qu’elle prit pour subvenir aux besoins de ces importantes